Les forêts intérieures de Linda Tuloup

Les forêts intérieures de Linda Tuloup
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Le livre commence par une invitation. Dans un sous-bois, une jeune femme nue photographiée au flash portant un masque de biche est là pour ouvrir le chemin : « je vais entrer dans la nuit avec elle », écrit Yannick Haenel dont le beau texte accompagne les images de Linda Tuloup. L’image suivante fait basculer le livre du côté d’un rêve surréaliste. Deux images superposées, un buste dans le ciel, un visage dans les nuages. Puis nous voilà de nouveau à parcourir la forêt, répondant cette fois à l’appel d’une femme et d’un loup. La première porte le second sur ses épaules, comme un trophée. Linda Tuloup ? La voilà habillée (le jour) et nue (la nuit) dans deux autoportraits.

Partant du cœur des forêts, le désir a enveloppé les villes, s’insinuant dans les chambres comme un brouillard. Une femme attend, attachée à un lit de fer, mais quoi ? Peut-être un dieu changé en pluie d’or ? Ne sommes-nous pas dans un livre où se succèdent les métamorphoses ? Peut-être la femme-biche du début n’était-elle qu’une autre victime de Diane ? Actéon a appris à ses dépens qu’il était dangereux de surprendre l’intimité des femmes ; Linda Tuloup s’y est risquée quand même dans cet album bref et intense logiquement titré d’un nom de déesse : Vénus.    

Linda Tuloup, Vénus, texte de Yannick Haenel, Éditions Bergger, 2019.