Nouveau vol de céramiques chinoises

Nouveau vol de céramiques chinoises
Le Musée Royal de Mariemont
Marché

Le Musée royal de Mariemont en Belgique a fait l’objet d’un vol durant la nuit du 21 avril 2024. Les voleurs, au nombre de trois, ont pénétré dans la salle d’Asie orientale pour y dérober une jarre à vin en porcelaine chinoise datant du XVIe siècle.

Réalisée par les ateliers de Jingdezhen pour l’empereur Jiajing, sa décoration, effectuée avec des émaux de cinq couleurs, représente des carpes dorées. Cette jarre de la Dynastie Ming, acquise par le fondateur du musée Raoul Warocqué en 1912 à la suite d’un voyage diplomatique en Chine, est considérée comme une des pièces majeures des collections du musée. Chef-d’œuvre des ateliers impériaux chinois, elle a, par ailleurs, obtenu le label « Trésor de la Fédération Wallonie-Bruxelles ».

Avec le vol de cet objet d’une très grande valeur monétaire et symbolique, le Musée royal de Mariemont rejoint la liste déjà longue de musées cambriolés pour leurs céramiques chinoises. Depuis 2010 en effet, des musées d’Angleterre, de Suède, de Norvège, des Pays-Bas et d’Allemagne ont été victimes de pillages similaires. Durant la seule année 2023, trois musées du nord-ouest de l’Europe se sont fait dérober des céramiques asiatiques de leurs collections : le Princessehof Museum de Leeuwarden (Pays-Bas), le Museum für Ostasiatische Kunst de Cologne et le Roemer und Pelizaeus Museum d’Hildesheim (Allemagne).

Des pillages similaires

Concernant les vols effectués en 2023, on ne peut d’ailleurs qu’être frappé par la similarité du mode opératoire.

Le Princessehof National Museum of Ceramics de Leeuwarden a été visité en février 2023. Les cambrioleurs se sont introduits par le toit et ont brisé les vitrines pour y dérober onze pièces de renommée mondiale selon le communiqué de presse. Certaines ont été retrouvées non loin du site mais sept ont été endommagées durant le vol. Il faut noter qu’un premier cambriolage infructueux avait eu lieu le 1er février.

Le Museum für Ostasiatische Kunst Aachener Weiher de Cologne, cambriolé en septembre, l’a aussi été de nuit. D’après le gardien de la sécurité, présent sur place, les voleurs étaient au nombre de deux et l’un d’eux portait un sac de livreur. Ils ont emporté neuf porcelaines précieuses exposées sous vitrine. Les vases, assiettes et pots en porcelaine ont là encore été choisis avec soin puisque l’ensemble du butin est estimé à un million d’euros. Il faut par ailleurs noter que le musée de Cologne avait également subi des tentatives de cambriolage ratées en janvier et en juin. C’est d’ailleurs grâce à une vitre brisée lors du second essai, et simplement remplacée par un panneau de bois, que les malfaiteurs ont pu s’introduire dans le musée lors du vol final.

Enfin, le Museum für Kunst und Archäologie Roemer und Pelizaeus de Hildesheim a été cambriolé en octobre. Les voleurs se sont introduits par une fenêtre du premier étage dans la soirée et, si l’on a d’abord cru qu’ils n’avaient pas atteint leur but, ils ont en fait dérobé trois objets : deux bougeoirs du XVIIIe siècle et un pot de gingembre antique. Emportant peu de pièces, ils ont effectué de très bons choix puisqu’il n’existe qu’une seule autre paire de candélabres de ce type dans le monde. Alarmée par les vols effectués à Leeuwarden et à Cologne, l’équipe du musée avait pourtant commencé à transférer sa collection d’objets d’Asie de l’Est dans un dépôt sécurisé. Elle n’avait malheureusement pas encore terminé.

Et après le vol?

La ressemblance entre les vols, si elle ne permet pas d’affirmer qu’une seule bande en est à l’origine, signifie en revanche qu’il y a un marché pour de tels objets. Des pièces aussi rares seront difficiles à revendre sur le marché européen sans éveiller les soupçons. C’est en tout cas le pari qu’a fait la direction du musée de Cologne en diffusant largement les photos des objets volés comme s’en est expliqué le chef du département culturel Stefan Charles dans divers journaux allemands. Cependant, comme l’ont souligné de nombreux commentateurs, les voleurs d’art et d’artisanat chinois pourraient facilement trouver des acheteurs en Chine. Certains collectionneurs chinois estiment en effet que ces objets, acquis par des Français dans d’autres contextes mais originaires de leur pays, seraient plus à leur place en Chine.

Quelle que soit la destination de ces objets, leur perte est en tout cas un coup dur pour les musées européens. En effet, si le directeur du musée de Leeuwarden affirme que les pièces dérobées étaient bien assurées, elles n’appartenaient pas au musée mais à des collections privées ou publiques. Il est à parier que de tels vols n’encouragent pas les prêteurs ; or les musées n’ont pas nécessairement les moyens financiers pour renforcer les dispositifs de sécurité. S’ils s’y contraignaient, il est fort probable que ce coût supplémentaire se répercuterait sur celui des billets d’entrée. Le renouvellement de l’accrochage de l’exposition permanente opéré après le cambriolage au musée d’Hildesheim témoigne d’un autre choix : les pièces de la table provenant d’Asie de l’Est ont été remplacées par des photos. Il n’est pas sûr néanmoins qu’une telle solution convienne à tout le monde.