Les oeuvres étranges de Matthias Garcia

Les oeuvres étranges de Matthias Garcia
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On pourrait juger licencieuses les œuvres de Matthias Garcia, mais alors elles le seraient comme celles de Bellmer ou de Balthus (auquel il rend hommage dans son tableau Atlas complex). On pourrait les trouver naïves, mais de cette naïveté propre à Henry Darger ou Nils von Dardel. On pourrait enfin leur accoler l’épithète «angoissantes», mais pas davantage que celles de Miriam Cahn. 

Comme tous ces grands artistes, Matthias Garcia (vingt-cinq ans) vit enfermé dans son œuvre, une œuvre sous le double signe du rêve et de l’enfance. Tout y est trouble : les rêves menacent de basculer dans le cauchemar, tandis que l’enfance renvoie à une pureté équivoque. Les titres des tableaux sont à cet égard trompeurs : Ne crois-tu pas que les fées m’ont comblée ? En posant la question, une princesse esquisse un pas de danse dans les bras du prince dont on ne doute pas qu’il soit charmant. Mais l’artiste les a figurés tous deux en bleu. L’amour serait-il aussi froid que la mort ? Serait-il à l’image de l’inquiétante jungle sexualisée qui les entoure ? Plantes turgescentes, rose-vulve, mousse de dentelle, papillon gigantesque, poisson à tête de mort coiffé d’un nœud rose. 

Ne crois tu pas que les fées m’ont comblée ? – huile sur toile – 2017 – 130x90cm

 

De la même manière, ni l’ondine ni la sirène de Matthias Garcia ne pourraient figurer dans un dessin animé de Walt Disney. La première est mutilée, ces bras se terminant par deux moignons – à quel « manque » ce motif récurrent renvoie-t-il ? La seconde est pourvue d’une queue bifide, chaque extrémité formant un orteil à l’ongle verni. 

Tout en étant intelligibles, les œuvres de Matthias Garcia ne veulent rien dire. Elles relèvent de la vision, elles surgissent de l’inconscient. Ainsi sont-elles offertes au sens. Au regardeur de les investir de ses fantasmes ou de ses peurs. Incontestablement, Matthias Garcia est un artiste sensible, ses œuvres relevant de « l’émotion poétique », mais de la poésie noire des Surréalistes. 

Ondine – huile sur toile – 2019 – 60x60cm

 

 Image de titre : Atlas Complex – huile sur toile – 2017 – 150x150cm.