Quand le King of pop s’expose

Quand le King of pop s’expose
"An Illuminating Path" par David LaChapelle.
À voir

Quoi de plus beau que le Grand Palais pour renfermer en son sein, l’exposition la plus attendue de l’année, On the Wall, consacrée à Michael Jackson. A la fois muse et icône, la star a toujours inspiré les artistes. On peut découvrir leurs œuvres jusqu’au 14 février prochain.

C’est l’exposition étonnante et attendue du moment : celle consacrée à Michael Jackson au Grand Palais, annoncée depuis près d’un an et qui vient enfin d’ouvrir ses portes. Elle faisait le fruit de bien des spéculations, de la part des fans de la star, mais aussi du grand public : qu’allait-on donc bien pouvoir y retrouver ? Des œuvres d’art détenues par le chanteur ? Des artistes inspirés par l’œuvre de ce dernier ? Une collection de ses costumes de scène et de clips, à la manière de l’exposition qui avait été consacrée à Jean-Paul Gaultier ? Mais dès la première salle, le doute n’est plus permis : On the Wall sera une rétrospective de tous les artistes qui ont été touchés de près ou de loin par l’univers très visuel de Michael Jackson, du temps de son vivant ou après sa mort, il y a près de 10 ans. Avec des œuvres conçues spécialement pour l’événement. Entrer dans cette exposition est comme faire un pèlerinage en Jacksonie. Pour les fans, une émotion permanente, pour les autres, un étonnement qui finit par bouleverser.

Kehinde Wiley, « Equestrian Portrait of King Philip II ».

 

King of art. L’exposition s’ouvre sur un impressionnant tableau de Kehinde Wiley, Equestrian Portrait of King Philip II, reprenant tous les codes des œuvres équestres du 18e siècle, inspirée du Philippe II à cheval de Rubens. Cette fois-ci, Michael Jackson chevauche en armure, le regard vers le lointain. « Un élément essentiel pour comprendre comment Jackson voulait être représenté », explique l’artiste. Le chanteur lui avait commandé cette œuvre avant sa mort soudaine et elle ne fut que partiellement réalisée au moment de son décès. Elle ne fut achevée qu’en 2010. Une entrée en matière saisissante, qui n’est que le reflet de l’importance qu’a revêtu la star dans le monde de la musique en particulier d’une part, mais aussi de l’art en général. Peintures, sculptures, performances audio ou vidéo, sont ainsi au programme de l’exposition. Suite à cette première oeuvre, on découvre une sculpture étonnante d’Appau Junior Boakye-Yiadom, P.Y.T., reprenant l’un des emblèmes de Michael Jackson, ses mocassins noirs, placés ici sur la pointe des pieds (une de ses positions de danse) et tirées vers le haut par des ballons en latex. Une installation fragile, comme l’âme de l’artiste qui s’élève, l’œuvre ayant été réalisée en 2009 après la mort du chanteur. Yan Pei-Ming a quant à lui réalisé une œuvre sur toile en 2017, In Memory of Michael Jackson 1958-2009, basée sur une photographie de la star dans les années 1980. Un hommage réalisé tout spécialement pour l’exposition.

« PYT » par Appau Junior Boakye-Yiadom.

 

Icône de son vivant. Dans les salles suivantes, c’est notamment l’amitié entre Jackson et Andy Warhol qui est retranscrite : des tableaux du chanteur réalisés par le peintre, des objets estampillés Jackson (photos, poupée, invitations…) renfermés dans la collection personnelle de Warhol et l’hommage du chanteur à ce dernier dans le clip Scream. Une amitié artistique inaugurée lors de leur rencontre en 1977 dans le fameux Studio 54, à New York. Mais Warhol ne fut pas le seul peintre touché par la grâce de l’artiste, au point de l’inspirer dans son travail. D’autres en ont fait du même de son vivant, comme Faith Ringgold et son acrylique Who’s bad de 1988, faisant référence au tube de Jackson, Bad. Ou David LaChapelle avec An Illuminating Path de 1998, où Michael Jackson traverse un chemin sur des cubes lumineux. Une photographie faisant référence au clip Billie Jean. Candine Breitz quant à elle, livre une vidéo performance, King (A portrait of Michael Jackson) dans une salle spécialement conçue à cet effet, où 16 écrans diffusent la prestation enregistrée de 16 fans du chanteur, qui interprètent en chœur The girl is mine.

« Michael Jackson » par Andy Warhol.

 

Muse après sa mort. Quand Michael Jackson disparaît en 2009, il laisse de nombreux admirateurs inconsolables et continue d’inspirer des artistes de tous horizons, qui utilisent son image pour des œuvres testamentaires ou inscrivant l’artiste dans l’éternité. C’est le cas des œuvres d’Iza Genzken comme Wind (Michael/David) mélangeant plusieurs techniques, reprenant une photo d’Annie Leibovitz de 1989. Ou de David LaChapelle, encore lui, réutilisant l’image de Jackson en un triptyque christique, où le chanteur apparaît comme un martyr religieux.

David Lachapelle – « American Jesus ».

 

Mark Ryden va quant à lui encadrer de manière travaillée et stylisée, la pochette de l’album Dangerous, reproduite en acrylique, tandis que Lorraine O’Grady va faire un rapprochement entre Michael Jackson et Charles Baudelaire, dans le diptyque Le Premier et le Dernier des Modernistes en 2010, mettant en exergue des clichés du poète face à ceux du chanteur, dans des poses similaires. L’exposition se termine par la vidéo performance de François Chaignaud et Nino Laisné, Mourn, O Nature, dans un univers mélangeant danse chorégraphiée et opéra, que n’aurait pas renié Jackson. En tout, 121 oeuvres composent cette exposition. Mais ce qui attire les regards, ce qui fait se masser les spectateurs, c’est la projection de l’entrée en scène ddu King of Pop, lors de son concert en Roumanie en 1992. Preuve s’il en était, que la véritable œuvre de Michael Jackson à admirer, c’est encore lui-même. Pour toujours.

Mark Ryden – « King of Pop new frame ».