Une vente controversée

Une vente controversée
Vue de la cathédrale Notre-Dame de Paris , à Paris (c) Florian Pépellin
Marché

L’association Lumière sur le patrimoine a déposé une plainte pour « vol et recel de vol » après avoir découvert la vente en 2015 par Sotheby’s de deux vitraux provenant de la cathédrale Notre-Dame à Paris.

Datant du XIIIe siècle, ces médaillons en vitrail polychrome d’environ quarante centimètres de diamètre chacun représentaient une scène de cérémonie liturgique avec sur l’un un ange tenant un cierge et sur l’autre un ange portant un encensoir. Vendus séparément respectivement pour 111 000 et 123 000 euros, ils étaient situés dans le coin inférieur droit de la grande rosace du transept nord avant sa restauration au milieu du XIXe siècle.

La maison de vente, qui affirme avoir obtenu l’ensemble des autorisations de l’État avant de procéder à la mise en vente, déclare que ces deux vitraux ont été démontés par l’architecte Eugène Viollet-le-Duc lors de la restauration de 1862 avant d’être vendus par le maître verrier Édouard Didron entre 1877 et 1905.

Trois autres vitraux ont d’ailleurs été achetés par des collectionneurs durant cette période. Ce fait est avéré car ils ont ensuite été légués par leurs descendants au Musée d’art et d’histoire de Genève pour deux d’entre eux et au Musée Mayer van den Bergh d’Anvers pour le dernier.

Cependant, pour l’association de défense du patrimoine français créée en juillet 2023, la mise en vente de ces vitraux relevait nécessairement du vol puisque la cathédrale appartenait à l’État depuis la Révolution et que l’ensemble de ses composants étaient donc imprescriptibles et inaliénables en 1862.

Le parquet de Paris a saisi la Brigade de répression du banditisme pour mener l’enquête et tenter de comprendre ce qui s’est passé durant cette année de restauration où l’assistant de Viollet-le-Duc sur le chantier de Notre-Dame n’était d’ailleurs pas le futur revendeur Édouard Didron mais le sculpteur et peintre verrier Alfred Gérente. Affaire à suivre…