Juste dix jours après avoir été invitée à représenter l’art, les artistes et la culture au World Forum for Democracy à Strasbourg (organisé par le Conseil de l’Europe) et à souligner, devant 1500 personnes, le rôle essentiel que pourraient jouer l’art et les artistes pour promouvoir de meilleures démocraties, Mimiko Türkkan est invitée par la galerie genevoise Analix Forever à exposer ses œuvres au Salon a ppr oc he, dédié à l’expérimentation des images. Ce Salon, créé et dirigé par Emilia Guenardi, complète utilement l’offre pléthorique de la semaine de la photographie à Paris (1385 artistes présentées à Paris Photo !).

© Mimiko Türkkan.
Mimiko Türkkan travaille depuis toujours – depuis son master au St. Martin’s à Londres – sur le corps, l’énergie, celle de son corps en particulier, et sur les flux, qui traversent les corps, et les mondes. Après avoir exploré les eaux du Βοsphore, du Lac Baïkal, des océans indien et atlantique, elle a travaillé, lors de sa résidence à la Cité internationale des arts, sur la Seine, et désormais son travail tout entier, dit-elle, « plonge dans l’eau ». Son corps : un corps parmi les corps ; un corps dans les vagues (après la boxe Thaï elle pratique désormais le surf) ; un corps dans les flux. Les flux qui nous traversent, les flux océaniques, les flux cosmiques, aussi. Ainsi, les vagues – les ondes – sont devenues, avec l’énergie qui les habite, un motif central de son travail, de sa pensée et de sa poétique. Et c’est en incarnant le concept d’innergy – une énergie intérieure, intentionnelle –, que Mimiko Türkkan explore la possibilité de « devenir vague ».
À a ppr oc he, Mimiko Türkkan montre, entre autres, des impressions solaires : des « rubéotypes » (tels des cyanotypes rouges : le mot rubéotype a été inventé pendant le Salon par le spécialiste belge de la photographie John Devos). Ainsi, elle expose de grands tissus à des produits chimiques voire alchimiques, elle se couche à terre sur ces tissus, en plein soleil, au sud de la Turquie, au mois d’août, à l’heure de midi. Après quinze à vingt minutes, elle stoppe la réaction et son corps, alors, apparaît telle une empreinte, évoquant la trace, la disparition, et la poésie… D’autres œuvres, sur papier, transcrivent la répétition, par le geste, des mouvements qui dessinent des vagues, toutes semblables, toutes uniques : ici sous forme de rubéotype et ailleurs avec de l’encre acrylique, comme à la Biennale de Shanghai, ou encore à Paris, chez sa galeriste, ces vagues immenses sur plus de deux mètres de papier : « on ne dompte pas sa vague ».

© Mimiko Türkkan
Mimiko Türkkan, née en 1984, vit et travaille à Istanbul et au sud de la Turquie. Elle est diplômée de l’Université Bilgi à Istanbul et des Beaux-Arts de Central Saint Martins de Londres. Son travail a été exposé en France, en Turquie et en Suisse, à la Biennale de La Havane (2024) et à la Biennale de Shanghai (2025). Elle a été résidente à la Cité des Arts à Paris et a participé à LOOP Barcelona (2024) ainsi qu’à Liste Basel (2025) et PhotoBasel (2022, 2023, 2025).
a ppr oc he: jusqu’au 16 novembre, au Molière, 40 rue de Richelieu, Paris 1er ; vendredi et samedi de 11h à 20h ; dimanche de 11h à 18h.
Sur inscription : https://bit.ly/9editionVIPguest
