Depuis le 15 octobre, la Philharmonie de Paris propose Kandinsky, La musique des couleurs. Cette vaste exposition explore la relation intime entre le peintre et l’univers sonore. Elle rassemble ainsi près de 200 œuvres, objets d’atelier et archives rares.Et grâce à un parcours immersif au casque, la Philharmonie offre une lecture résolument ludique et sensorielle de l’artiste. Au programme : écouter les couleurs, voir les rythmes, ou encore percevoir la peinture comme une partition. Une invitation à redécouvrir Kandinsky autrement, notamment à travers un dispositif spécial pensé pour les jeunes publics.
Plongée dans une abstraction sonore
Kandinsky a toujours affirmé que la musique avait nourri et déterminé sa vocation artistique. De son enfance à Moscou et Odessa, marquée par le folklore russe, ses premières pratiques musicales et son choc wagnérien de 1896, jusqu’à ses échanges avec les musiciens d’avant-garde tels que Nikolaï Kulbin ou Thomas von Hartmann, le monde sonore fut toujours une source d’inspiration pour lui.
L’exposition montre comment, dès les premières années, la musique lui offre un modèle d’abstraction. Elle libère la peinture de l’obligation d’imiter la nature. Et elle ouvre la voie à un langage plastique autonome. Ainsi, les Improvisations et Compositions illustrent parfaitement ce glissement vers une peinture pensée comme une structure harmonique. Une construction dont il faut lire les éléments comme une partition dans laquelle les formes et les couleurs donnent le ton.
Grâce à un dispositif d’écoute associé aux œuvres, le visiteur plonge dans le paysage musical qui façonnait l’imaginaire du peintre. Avec une playlist particulièrement soignée : Scriabine, Schönberg, Stravinsky. L’expérience révèle combien l’évolution plastique de Kandinsky se construit en dialogue avec ces bouleversements sonores, ce qui rend son passage à l’abstraction beaucoup plus clair.
Kandinsky à la Philharmonie : le cabinet d’un mélomane
Pour proposer cette exposition, la Philharmonie de Paris a pu compter sur le concours du Centre Pompidou et de plusieurs collections internationales. Des partenaires qui ont prêté une centaine d’œuvres et de dessins pour composer un véritable cabinet de mélomane. Le parcours rassemble en outre des partitions, disques, photographies, prospectus musicaux et même des outils d’atelier. L’ensemble dévoile un Kandinsky collectionneur passionné, pour qui la musique n’était pas seulement une source d’inspiration mais une part essentielle du quotidien. Les études visuelles autour de la 5ᵉ symphonie de Beethoven témoignent par exemple de sa volonté de traduire plastiquement la notion de sonorité des couleurs.
L’exposition embrasse ensuite la richesse de son ambition transdisciplinaire. Des projets de scènes, des poèmes fondés sur le « son pur » des mots, les éditions du Blaue Reiter, mais aussi les reconstitutions d’œuvres synesthétiques telles que la mise en scène de Tableaux d’une exposition en 1928. Autant d’éléments qui offrent une immersion réussie dans l’idée d’un art total, chère à Kandinsky.
Initiation à l’art pour les plus jeunes
Et pour prolonger cette approche ludique, la Philharmonie propose un parcours sonore destiné aux enfants dès 8 ans. Cette initiation ludique met en scène Clara, jeune musicienne, et son frère Théo, amateur de peinture, accompagnés de M. Wolf. Ensemble, ils invitent le jeune public à découvrir les correspondances entre sons, formes et couleurs au fil des salles. Un dépliant complète ce parcours pour faire de Kandinsky, La musique des couleurs une expérience résolument ludique. Une approche créative qui résonne parfaitement avec l’esprit de découverte qui a irrigué toute l’œuvre du peintre.
Kandinsky, la musique des couleurs
Exposition à la Philharmonie de Paris
Du 15 octobre 2025 au 1e février 2026
A lire aussi :
