La semaine prochaine, le jeudi 3 octobre, se tiendra le vernissage de la septième exposition que la galerie Taménaga consacre, dans son espace parisien, à l’artiste Chen Jiang-Hong. Pour ce solo show, c’est le lien du peintre à la musique qui est mis à l’honneur.
Ton, harmonie, motif et rythme : la peinture et la musique partagent nombre de mots communs. Pour nous faire découvrir la relation entre compositions picturales et compositions musicales dans la pratique de Chen Jiang-Hong, la galerie montrera une quarantaine de tableaux réalisés par l’artiste alors qu’il écoutait les morceaux de ses compositeurs préférés : Hector Berlioz, Georges Bizet, François Couperin, Claude Debussy, Wolfgang Amadeus Mozart, Jean Sibelius, Giuseppe Verdi ou encore Richard Wagner.
Face à ses grands formats, ce sera donc au spectateur de chercher à comprendre la manière dont l’artiste interprète ce répertoire classique. Cette opposition de couleurs dans la toile intitulée Le Cygne de Tuonela traduit-elle les contrastes entre sons aigus et sons graves présents dans le morceau de Sibelius, ou bien cette partie claire s’élevant sur le fond sombre témoigne-t-elle d’un rythme rapide se superposant à la lenteur du tempo ? Est-ce le timbre d’un son clair que suggère la transparence du violet dans le tableau nommé Prélude à l’Après-midi d’un faune et celui d’un son mat que retranscrit la touche épaisse, couleur saturée apposée au centre de cette composition ? À moins que la pâleur du violet associée au vif du jaune manifeste les nuances des sons, du piano au forte, de cette œuvre symphonique de Debussy ?
Face aux tableaux de Chen Jiang-Hong, c’est au spectateur d’imaginer à quel type de grain acoustique, à quelle densité sonore, se réfère tel ou tel modelé. Lisant les titres des œuvres qui tous convoquent un morceau précis, c’est à lui d’inventer à quel genre de touché, à quelle résonance particulière d’instrument, répondent ces manières, légère, épaisse, large ou rapide, d’appliquer la peinture. Et, pour ceux qui n’ont pas en tête l’ensemble des morceaux composant l’univers du peintre, il suffira de se laisser saisir par la force des œuvres car, là où le musicien déploie les évènements dans le temps, le peintre est obligé de les résumer à l’espace de la toile. Il se doit de traduire la succession en simultanéité et c’est donc un condensé des sentiments intenses aux sources de son répertoire musical que nous propose l’artiste.
À visiter jusqu’au 26 octobre, l’exposition s’accompagne d’un ouvrage richement illustré pour prolonger chez soi, playlist activée, l’exploration des liens entre les œuvres non figuratives de Chen Jiang-Hong et le plus abstrait des arts.