Les nommées au prix Drawing Now

Les nommées au prix Drawing Now
Stéphanie Mansy, Lacunary material, 167,5 x 108 cm, 2023, pastels et crayons, Courtesy Galerie F © Stéphanie Mansy
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Drawing Now Art Fair est le premier salon d’art contemporain exclusivement consacré au dessin en Europe. Créé en 2007, il s’est imposé dans le paysage artistique en présentant chaque année une sélection d’œuvres réalisées dans les cinquante dernières années par le biais de galeries internationales de plus en plus prestigieuses. De retour au Carreau du Temple à la fin du mois de mars pour sa 17e édition, la foire a déjà annoncé les noms des finalistes au Prix Drawing Now 2024. Doté de 15 000 euros, ce prix, soutenu par la Drawing Society, permettra à l’artiste lauréat de remporter 5 000 euros puis de bénéficier de 10 000 euros d’aide à la production pour une exposition de 3 mois au Drawing Lab ainsi que pour la publication d’un catalogue monographique.

C’est à l’occasion du vernissage au Drawing Lab de l’exposition de Suzanne Husky, lauréate du Prix Drawing Now 2023, que les membres du comité de sélection de cette édition ont révélé leurs choix. Composé de la directrice artistique de la foire Joana P. R. Neves, de la directrice du Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain de Nice Hélène Guenin, de la directrice du Museo Villa dei Cedri à Bellinzone et présidente de l’Association des musées suisses Carole Haensler, de la directrice adjointe et responsable du Département des estampes et des dessins au Kunstmuseum Basel Anita Haldemann, de l’historienne de l’art et collectionneuse Catherine Hellier du Verneuil, du directeur du Fonds Régional d’Art Contemporain Picardie Pascal Neveux et du critique d’art et commissaire indépendant Philippe Piguet, le jury a sélectionné cinq artistes : Caroline Corbasson, Stéphanie Mansy, Catherine Meurisse, Marine Pagès et Tatiana Wolska.

Représentée par la galerie Dilecta, Caroline Corbasson a séduit les jurés grâce à une œuvre intitulée Touch (Webb). Réalisée sur papier, elle présente une valse d’étoiles blanches s’élevant sur un fond noir effectué au charbon. Exposée par la Galerie F, Stéphanie Mansy a retenu l’attention avec un dessin au pastel et crayon nommé Lacunary material, qui donne à voir la matérialité du médium. Aplat uniforme, surface caressée en un mouvement ou espace travaillé dans toutes les directions, cette matérialité apparaît dans sa pluralité. Montrée par la Galerie Barbier, l’œuvre de Catherine Meurisse a convaincu par son récit, celle d’une jeune sportive suspendue au-dessus des rochers. Effectuée dans des couleurs surnaturelles, la scène, plus symbolique que réaliste, laisse ouverte les interprétations. Accrochés par la galerie Bernard Jordan, les dessins de Marine Pagès ont capté le jury par leur originalité. L’artiste mêle en effet le dessin à l’écriture à travers une série de décomposition de la locution « Memento Mori ». Agencés sur le support rectangulaire, ces jeux conceptuels (même mot, noir-moire moment, etc.) se doublent de choix formels. Enfin, In crisis, l’œuvre de Tatiana Wolska présentée par Irène Laub, a su plaire par ses formes organiques semblant pouvoir se développer à l’infini dans une variation subtile de couleurs.

Ainsi, si on peut s’interroger sur l’absence d’hommes dans cette sélection (est-ce pour faire « payer » aux créateurs d’aujourd’hui la surreprésentation de leurs aînés ?), la sélection de pratiques variées, dans leurs formes comme dans leurs sujets, est intéressante. Qu’il soit amateur d’abstraction ou de figuration, de charbon ou de pastel, de formes géométriques ou organiques, de concept ou d’émotion, de couleur ou de noir et blanc, le spectateur amoureux du dessin saura sans doute se laisser convaincre par l’une de ces œuvres.

Il faut d’ailleurs noter que les artistes retenues (âgées de 44 ans en moyenne) n’en sont pas au début de leur carrière. Le prix Drawing Now n’a en effet pas pour vocation de faire découvrir de jeunes talents mais de saluer le rôle défricheur des galeries en couronnant des artistes déjà représentés. Celles sélectionnées pour l’édition 2024 sont même bien installées si l’on en juge par leurs CV. À titre d’exemples, Caroline Corbasson a collaboré avec le CNRS, Stéphanie Mansy est une ancienne résidente Casa de Velásquez à Madrid et Tatiana Wolska a déjà bénéficié d’une exposition personnelle au Palais de Tokyo.

Le nom de la lauréate sera annoncé lors du vernissage du salon le mercredi 20 mars à 18 h 30.