Le Paris de la modernité

Le Paris de la modernité
À voir

Curatée par la directrice du lieu Annick Lemoine et par la conservatrice en chef du patrimoine Juliette Singer, l’exposition « Le Paris de la modernité, 1905-1925 » se tient jusqu’au 14 avril au Petit Palais. Elle constitue le dernier volet du cycle d’expositions que le musée a consacré à l’art à Paris. Après « Paris Romantique, 1815-1858 » et « Paris 1900, la Ville spectacle », elle se concentre sur les périodes dites de la Belle Époque et des Années folles.

À l’image de ces deux appellations, c’est le foisonnement culturel de cette période que restitue cette exposition en présentant de très nombreux tableaux et sculptures (citons entre autres Georges Braque et François Pompon) mais également des films et photographies (de Fernand Léger et de Man Ray) ou encore des tenues de mode et des pièces de haute joaillerie (de Jeanne Lanvin et de la Maison Cartier) sans oublier des évocations de la danse (notamment à travers Jean Cocteau).

Les relations entre ces différentes disciplines semblent d’ailleurs nombreuses. Les robes sans corset du créateur Paul Poiret sont présentées à travers ces nouveaux médiums que sont le film et la photographie. La femme libre de ses mouvements qu’elles contribuent à créer est immortalisée par le livre « La garçonne » de l’écrivain Victor Margueritte, tandis que la danse, art du corps par excellence, explore ses relations avec les arts plastiques à travers les chorégraphies du danseur Jean Börlin. Cette porosité entre les domaines de création mène les artistes à collaborer, à l’image de Pablo Picasso réalisant les costumes du ballet Parade conçu par Jean Cocteau.

Il ne faudrait pas croire pour autant que ces années 1900, marquées par l’une des guerres les plus meurtrières de l’histoire, sont les années de l’art pour l’art. Les corps explosant sur les mortiers peints par Georges Bertin Scott répondent aux « Poupées patriotiques » de Jacqueline Marval. Présentés dans l’exposition, ces tableaux nous rappellent ce moment douloureux qui constitue la charnière entre la Belle Epoque et les Années folles.

Mais le contexte n’est pas seulement celui de la dévastation de la guerre, il est aussi celui des progrès techniques, incarnés dans l’exposition par la présence d’un aéroplane et d’une voiture Peugeot. Les innovations industrielles marquent l’esthétique de nombreux artistes à l’image du couple Delaunay et de Fernand Léger. Le « Ballet mécanique » de ce dernier est représentatif du caractère expérimental des créations d’alors.

Dadaïstes, surréalistes, fauvistes, cubistes, les œuvres font scandale par la nouveauté de leur esthétique que les artistes vont parfois chercher en dehors du monde occidental. Les objets d’Afrique, d’Asie, des Amériques ou d’Océanie, dont certains sont montrés dans l’exposition, inspirent des peintres comme Maurice de Vlaminck ou Kees Van Dongen.

L’exposition, dont le parcours tout à la fois chronologique et thématique insiste sur cette ambiance d’innovation et d’ouverture collective (notamment avec une salle réservée aux ateliers d’artistes et une autre aux salons parisiens), met en valeur plus de 500 pièces.

Elle permet de revoir (ou de voir en vrai) des œuvres de la modernité extrêmement célèbres comme la « Roue de bicyclette » de Marcel Duchamp ou le « Violon d’Ingres » de Man Ray. Elle permet aussi de découvrir des œuvres exposées et reproduites moins souvent, à travers notamment la mise en avant d’artistes femmes telles les peintres Marie Laurencin, Jacqueline Marval et Marie Vassilieff ou la sculptrice Chana Orloff, également à l’honneur au musée Zadkine.

Un ouvrage collectif richement illustré accompagne l’exposition.