Présenté au Festival de Cannes et sorti en salles depuis le 18 octobre, Anselm : Le bruit du temps invite à une immersion en 3d au cœur des œuvres du célèbre artiste allemand Anselm Kiefer. Avec ce nouveau documentaire, le réalisateur Wim Wenders confirme sa maîtrise du genre tout en soulignant les liens entre cinéma et arts plastiques.
Dans les différents ateliers d’Anselm Kiefer, la genèse de ses tableaux monumentaux et composites est révélée au spectateur. L’artiste travaille et transforme sa matière par une gestuelle expressive : la peinture est projetée avec brutalité, des couches sont superposées, la paille qui couvre de nombreuses toiles est brûlée au chalumeau, comme pour mieux révéler les stigmates du temps. Ailleurs, le peintre évoque sa conception spirituelle de la peinture, comme médiatrice entre le ciel et la terre.
Peu de mots dans ce documentaire contemplatif, mais ceux prononcés par Anselm Kiefer résonnent avec poésie et font écho à ses inspirations littéraires. Ainsi les textes de Paul Celan ou encore de Milan Kundera mettent en lumière la dimension métaphysique des œuvres.
Cette quête existentielle est aussi enracinée dans l’histoire personnelle d’Anselm Kiefer, qui a grandi dans l’Allemagne d’après-guerre (tout comme Wim Wenders). Parfois controversé, l’artiste confronte son pays aux désastres du passé, ne pouvant concevoir que l’on tente d’oublier et enfouir l’horreur des crimes nazis. À travers des incursions dans l’enfance et la jeunesse de l’artiste est ainsi retracé son rapport au mythe et à l’histoire, qu’il explore depuis ses débuts par la peinture, la performance ou l’installation.
Au fil du documentaire, on reconnaît la touche de Wim Wenders, son attention portée à la couleur ou au noir et blanc, ou encore son goût pour les travellings et vues aériennes. Chacun trouvant sa place, les deux artistes et amis entrent dans une symbiose créative, liés par leur volonté commune de sonder le temps qui passe et la transformation des êtres.