Rineke Dijkstra, Maya Rochat et Rachel Fleminger Hudson à la Maison Européenne de la Photographie

Rineke Dijkstra, Maya Rochat et Rachel Fleminger Hudson à la Maison Européenne de la Photographie
Rineke Dijkstra, Image de I See a Woman Crying (The Weeping Woman), 2009, 3 channel video HD, 12′ © Rineke Dijkstra – Courtesy de l’artiste et Marian Goodman Gallery, Paris et New York.
À voir

Après avoir donné la parole à l’artiste et activiste Zanele Muholi, la Maison Européenne de la Photographie consacre jusqu’au 1er octobre trois expositions à des femmes artistes.

Parmi elles, I see You réunit quatre installations vidéos de Rineke Dijkstra, déjà honorée par de nombreux prix et expositions pour ses portraits photographiés ou filmés. Un genre que l’artiste, née en 1959 aux Pays-Bas, explore depuis plus de trente ans déjà en puisant dans l’héritage de la peinture hollandaise du XVIIème siècle. Les œuvres exposées à la MEP témoignent des réflexions de l’artiste autour du regard et de l’adolescence, période de fragilité durant laquelle la représentation de soi évolue.

Ainsi, une jeune fille en uniforme, concentrée et silencieuse, se mord la lèvre en reproduisant La Femme qui pleure de Picasso conservée à la Tate Modem. Dans l’installation suivante, I see a woman (2009), ses camarades filmés en triptyque s’interrogent face à la même œuvre. Le rythme et le son ont été particulièrement travaillés au montage, la portraitiste alternant entre gros plans et plans d’ensemble, entre silences et paroles saccadées. Dans cette mise en abyme de l’observation, le tableau de Picasso, laissé hors-champ, n’est perçu qu’à travers les commentaires des jeunes écoliers. Fronçant les sourcils et regardant droit devant eux, leur sérieux déconcerte et l’inventivité de certaines hypothèses fait sourire. Peut-être la Femme qui pleure a-t-elle « été abandonnée », ou bien a-t-elle simplement fait quelque chose de mal « comme aller à un mariage et voler le gâteau ».

Alors, amené à s’immerger dans la vie d’autrui pendant dix à vingt minutes, le spectateur développe une perception sensible qui paraît importer plus que le contexte, certes précisé par des cartels mais absent des mises en scène sobres des portraits.

À la MEP sont aussi à découvrir l’exposition Poetry of the Earth de la plasticienne suisse Maya Rochat et le travail de la britannique Rachel Fleminger Hudson. Entre visions oniriques pour la première et recherches sur la mode et la culture des années 70 pour la seconde, un parcours transdisciplinaire et éclectique se dessine. Une notion semble pourtant lier les artistes invitées à la MEP: l’évolution du rapport à soi, à l’autre et à l’environnement dans un monde en mutation.