« Faire la lumière » de Rémy Hysbergue à la galerie Valérie Eymeric

« Faire la lumière » de Rémy Hysbergue à la galerie Valérie Eymeric
Rémy Hysbergue “A 62423” 1OO x 81 cm Acrylique sur velours. 2023.
À voir

Le philosophe français Michel Foucault, peut-être inspiré par la critique d’art américaine Rosalind Krauss qui l’avait dit d’une autre toile de Manet quelques années plus tôt, en a fait la démonstration brillante dans sa Conférence sur Manet donnée à Tunis en 1971. Ce qui choque dans l’Olympia peinte par l’artiste en 1963 ce n’est pas tant le regard effronté de sa « Vénus » ou le chat hérissé remplaçant le chien fidèle présent dans la composition de son prédécesseur Titien que la lumière. Dans la Vénus d’Urbain peinte en 1538, la lumière vient de l’intérieur du tableau, la femme allongée dévoile sa nudité au public. Dans le tableau de Manet, l’absence d’ombre sur la poitrine de son modèle Victorine Meurent nous l’indique, la lumière vient de l’extérieur du tableau. Le spectateur est un voyeur et c’est là le véritable scandale, scandale qui se joue dans le déplacement de la lumière de l’arrière à l’avant du tableau. Rémy Hysbergue, qui nous disait dans un entretien récent « Mon souci est plutôt d’essayer de retravailler la lumière parce que la lumière c’est la base », est conscient du rôle central de la lumière en peinture. Évoluant à une époque de surproduction d’images bien éloignée de celle de Manet, évoluant également au sein d’une société où la plupart des photographies (celles de peintures comprises) parviennent au regard par le biais d’écran et sont vues rétroéclairées, aplanies, lissées par des filtres ou au contraire décomposées en pixel, son travail de la lumière est évidemment différent. Rare parmi les peintres contemporains à la mettre en scène, il l’associe à d’autres éléments proprement picturaux comme la profondeur, la définition, la touche pour mieux nous interroger sur ce qui distingue image et peinture. Réunies au sein d’une exposition pertinemment nommée « Faire la lumière », ses œuvres récentes sont à découvrir à la galerie Valérie Eymeric de Lyon jusqu’au 14 octobre.