Manolis Baboussis, une écologie de l’image

Manolis Baboussis, une écologie de l’image
_Vue d'exposition, _Le Jardin_ 2022 © Manolis Baboussis
À voir

Du 25 octobre au 8 décembre 2022, l’École des Beaux-Arts d’Athènes présente le travail de l’artiste grec Manolis Baboussis. Nourrie de différents sujets (écologie, économie, politique et poésie) son œuvre est protéiforme. Des dessins de très grande dimension réalisés au bâton gras s’exposent sur les murs de la salle principale tandis que des vidéos sont projetées dans les salles latérales. De certaines œuvres des années 1970 jusqu’aux derniers work in progress, l’exposition, que la commissaire Barbara Polla a souhaitée tout autant rétrospective que prospective, permet de saisir les préoccupations constantes de l’artiste.

 

Untitled (Piscine) 2008 © Manolis Baboussis

 

Parmi ces obsessions, celle de l’écologie, et ce, depuis des décennies. Ainsi, sur l’île de Kéa, où Baboussis l’art-chitecte s’est construit une maison et un atelier, il a planté trois cent arbres. Nous sommes loin encore des 7000 chênes de Joseph Beuys, mais l’utopie agissante est en marche : work in progress. Baboussis, qui a par ailleurs instauré, en 1999, l’enseignement des liens entre photographie et art contemporain à l’École des Beaux-Arts d’Athènes, a aussi, en 2011, transformé le parking de l’école en jardin : d’où le titre de l’exposition. Ce jardin, ni botanique ni géométrique, est désormais enseveli sous quelques centaines de plantes et d’arbres natifs de Grèce – et des rosiers. Une ode à la nature sauvage qui sait si bien pousser pour peu qu’on lui en laisse la liberté. Et une allée qui conduit à une sorte de baraque en bois peint – le « temple » du jardin. La création de ce jardin luxuriant du presque paradis est un geste créatif singulier et durable. Une série de photographies de Kéa se retrouvent dans l’exposition, quant aux photographies du jardin elles sont présentées sous forme d’images mouvantes. Quant à la voiture que l’artiste lui-même utilisait encore au début de ce siècle, elle est parquée dans l’exposition, comme un vestige d’un passé que l’artiste voudrait révolu. Comme il voudrait que la poésie s’écrive dans les rues, à même le sol, pour que tout un chacun puisse lire – ou piétiner.

 

Untitled (Kéa) 2022 © Manolis Baboussis

 

Parmi ces obsessions, la critique sociale et politique est également une constante chez Manolis Baboussis. Une salle immense est ainsi dédiée aux absurdités de l’architecture – mais aussi à sa puissance d’évocation. Une vingtaine de sculptures-architectures (2021-2022) de pierre et de métal, de bois et de livres, se présentent comme un jeu de conflits et d’alliance entre l’architecture et la nature alors qu’une piscine inversée semble régner sur ce pays qui baigne pourtant dans la plus belle mer du monde.