Biennale « Hybride » : Ouvrir

Biennale « Hybride » : Ouvrir
À voir

Lens à l’été 2021. Le Louvre Lens, bien sûr. Mais aussi la Biennale « Hybride », créée et organisée par le SMAC, qui pour la première fois se tient à Lens, accueillie dans l’ancienne banque de France, avec Paul Ardenne comme commissaire comme pour les précédentes. Quarante trois artistes invités, avec un budget minimal, le minimalisme du budget se voyant compensé par les efforts majeurs réalisés en chaîne par le SMAC d’abord, par le commissaire ensuite, par les artistes enfin, qui ont mis gracieusement à disposition leurs œuvres.

 

Mael Nozahic, Euphorbia Hybrida

 

Un catalogue accompagne « Hybride » et Paul Ardenne s’y explique : « Nous nous sommes fondés sur un constat simple : notre société, la société humaine, ne connaît pas l’unanimité (pour des raisons, sans doute, sociobiologiques) et il y a fort à parier, au vu de l’Histoire et de ses leçons, qu’elle ne la connaîtra jamais. Il importe donc d’ouvrir la scène, au lieu d’en faire un minable et trompeur pré carré. Nous assumons le pluriel, quoi qu’il en coûte. C’est imbécile ? Oui, peut-être. Mais c’est là le prix à payer à la Raison même, qui n’en finit jamais de vouloir unifier sans y parvenir jamais. » Cette quatrième édition d’« Hybride » porte ainsi le titre « Ouvrir ». Ouvrir les lieux de culture – et les ouvrir à tous les artistes. Paul Ardenne dira d’ailleurs qu’il aurait aimé montrer cinq cents artistes !

« Hybride » est un thème qui convient parfaitement au commissaire et qui pourrait même définir, en partie du moins, son travail : contrairement à la plupart des commissaires d’exposition, il s’intéresse en effet davantage à la singularité des œuvres qu’il se plaît à exposer qu’à leur cohérence. Plutôt que de rendre ses expositions reconnaissables par leur thème – qui pourrait être, au vu de ses travaux théoriques, le corps par exemple, ou encore l’écologie – il choisira plus volontiers l’hétérogénéité. « Ouvrir » est ainsi une apologie de la diversité, de la volonté de créer, de l’engagement personnel de chaque artiste, plus que d’une vision personnelle du commissaire.

 

Vue de l’exposition

 

Parmi les artistes invités sélectionnés par Paul Ardenne, retenons Rodolphe Barkisian et sa Vie digitale, Tia Calli-Borlase et son cheval préféré, Bruno Dupire et sa Perpetua instabile, peintres Isabelle Dussart, Aurélie Gravas et Sélimen El Kamel, mounir fatmi qui présente Oil, Oil Oil, Maël Nozahic et ses Euphorbia hybrida, Julien Serve et ses Oiseaux de mauvais augure, … pour n’en citer que quelques-uns. La série photographique de Guillaume de Sardes, Fragments d’une histoire d’amour, référence à Barthes, des fragments de « texte-image » intimes et nostalgiques, et celle de Mimiko Türkkan, Innergy – deux série précédemment réunies dans une exposition intitulée « La Puissance et la Grâce »  – avoisinent les créations multiformes de Corinne Borgnet, les tableaux de Pasqua, l’œuvre de Levy-Lasne et la photographie d’une mystérieuse action de Sarah Roshem, Aujourd’hui-.demain de Carole Douai ou encore Perpetua Instabile de Bruno Dupire. Plusieurs vidéos sont également réunies à la Biennale Hybride et les images en mouvement réparties dans les différentes salles et entre les œuvres « fixes » exaltent encore la sensation d’ouverture : tout bouge ici ! My Fears d’Agnès Guillaume ; Djelem Djelem de Rachel Labastie ; Top Fuel d’Ali Kazma, un film hommage à la folie de la vitesse et aux femmes, devant laquelle a été déposée au sol la Couronne de Freddy Pannecoke, telle une allégeance ; Last days of Qana d’Eva Magyarosi, et une série augmentée de Cinétracts de Frank Smith, ces deux dernières œuvres à peine créées étant diffusées pour la première fois à « Hybride ».

 

Un foisonnement d’œuvres qui sont autant de découvertes, autant de rencontres, autant de réjouissances.

À visiter jusqu’à la fin du mois d’août.

 

70 Cinétracts de Frank Smith, video still, 2021:  La bande annonce ici