Serge Ossipenko, homme d’affaires et passeur de culture

Serge Ossipenko, homme d’affaires et passeur de culture
Samovar (Malevich,1913)
Personnalités  -   Experts

Derrière la reconnaissance de plus en plus importante de la culture ukrainienne se profile l’ombre d’un généreux mécène. Portrait d’un discret homme d’affaires, féru d’art, qui a fait de la culture un levier de rayonnement et de diplomatie pour son pays.

Promoteur de la création ukrainienne

Alors que la mini-série américaine Tchernobyl produite par HBO a récemment mis les projecteurs sur un pan de l’histoire ukrainienne, cela fait en réalité plusieurs années que l’art et l’histoire du « Grenier de l’Europe » lui ont permis de gagner ses lettres de noblesse à Paris.

Cette percée fulgurante est l’œuvre d’un discret mécène : Serge Ossipenko, un homme d’affaires d’origine ukrainienne vivant entre Paris, Kiev et Monaco. Le nom de Serge Ossipenko ne dépasse que rarement le cercle d’affaires. A l’origine de la création de l’Alliance for investment solutions, organisme à but non lucratif qui vise à attirer les investissements directs étrangers, il est aussi connu pour son rôle déterminant au service des échanges commerciaux entre la France et l’Ukraine. On lui doit notamment l’organisation de rencontres bilatérales entre acteurs économiques français et ukrainiens. Celui qui multiplie les collaborations avec des entreprises internationales (Auchan, Ceetrus, Morel&Prom, Thales, Immeris, Bain etc.) occupe aussi pourtant, dans l’ombre, le rôle de passeur de culture entre Kiev et Paris.

C’est à travers la création d’une fondation pour la diplomatie culturelle de l’Ukraine (UART) il y a 7 ans que son engagement pour l’art s’est concrétisé publiquement. Serge Ossipenko est le fondateur et Président de cet établissement privé, qui œuvre activement pour valoriser le patrimoine culturel et artistique ukrainien dans le monde.

On lui doit notamment la mise en valeur de l’œuvre encore mal connue du peintre Kasimir Malevitch, né à Kiev en 1878. L’auteur du premier monochrome blanc, figure emblématique de l’avant-garde, est un des artistes les plus essentiels du XXe siècle pour Serge Ossipenko : « Ses œuvres sont profondément gravées dans l’histoire de l’art. Il est temps de rouvrir et de découvrir des pages inconnues de la vie créative malevychienne, l’influence de l’arrière-plan ukrainien sur son style et la scène d’avant-garde mondiale. » Pour faire honneur au peintre de légende, la scène culturelle ukrainienne a coorganisé en février dernier une rétrospective de son œuvre au M17 Contemporary Art Center — avec le soutien, discret, mais appuyé, de l’UART.

À l’image de son président, qui cultive le secret. Relativement rare dans les médias, Serge Ossipenko n’en reste pas moins un promoteur zélé du patrimoine culturel historique de son pays. Sa fondation stimule ainsi la vitalité de l’art contemporain et l’émergence de nouveaux talents en provenance d’Ukraine et d’ailleurs. L’UART organise aussi un concours qui permet à de jeunes artistes peintres, dessinateurs, sculpteurs ou photographes de se révéler sur la scène internationale.

Défenseur d’un art sans frontière

Nicolas Tolmachev, gagnant du premier concours en 2013, a eu l’opportunité d’exposer ses œuvres à Paris, grâce au soutien de la fondation. « Lorsque j’ai fondé cette fondation, beaucoup d’hommes et de femmes de toute nationalité ont compris que l’art dépassait les frontières et que des échanges artistiques devaient avoir lieu dans l’Europe entière grâce à notre fondation », expliquait Ossipenko lors d’une rare interview donnée à un magazine de l’art.

Quelques années plus tard, le pari a été remporté. L’UART est devenu un acteur phare de la scène artistique européenne. C’est à Paris qu’elle a ouvert un premier bureau annexe. Un choix motivé par la proximité de son fondateur ukrainien avec l’Hexagone, mais aussi aux relations anciennes entre les deux peuples : « Les Ukrainiens ont toujours été très sensibles aux peintres et sculpteurs français et de nombreuses expositions ont lieu chaque année un peu partout en Ukraine, les coopérations culturelles ukraino-françaises existent depuis 1995 ».

Et les partenariats tissés par la Fondation en sont la preuve. Dès 2012, l’UART s’associait au Musée du Louvre à l’occasion d’une exposition consacrée au grand sculpteur ukrainien baroque du 18e siècle Johann Georg Pinsel. Depuis, les expositions célébrant les talents issus des deux pays se sont multipliées : de la Semaine officielle du film ukrainien de Strasbourg en passant par l’exposition « More than sculpture » à l’occasion de laquelle une délégation du Grand Paris a fait le déplacement.