Citéco, le musée qui allie économie et architecture

Citéco, le musée qui allie économie et architecture
Facade - Cité de l’Economie © Charlotte Donker.
À voir

Depuis ce mois de juin, vient d’ouvrir la Citéco, alias la Cité de l’Economie, dans un magnifique hôtel particulier. L’occasion de découvrir l’économie sous toutes ses coutures, en un lieu passionnant qui recèle des jeux interactifs et des propositions artistiques qui vont vous donner envie d’y revenir le plus vite possible !

Hall d’entrée Cité de l’Economie © Charlotte Donker.

 

« 60% des Français souhaiteraient mieux comprendre l’économie et ses mécanismes », nous explique-t-on lors de notre visite. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la Citéco était très attendue, puisque 3 500 curieux s’y sont pressés lors de son premier week end d’ouverture, du 14 au 16 juin derniers. Et pourtant, la France n’est pas forcément championne mondiale en ce domaine. On peut se poser la question de cet engouement pour cette Cité économique, au pied de la plaine de Monceau dans le 17e arrondissement. Tient-elle d’un besoin éminent pour en savoir plus sur l’histoire de l’économie du troc à nos jours, des prouesses technologiques des divers jeux qui la composent pendant tout le parcours, ou du lieu en lui-même, ancien hôtel particulier emblématique de l’arrondissement ?

Un hôtel très particulier. Commençons par le bâtiment. Magnifique, de bout en bout. Il mérite la visite à lui seul et à la Citéco, on en est pleinement conscient. Ce n’est pas pour rien que le parcours est balisé par des explications sur les pièces où nous nous trouvons, avec des petits secrets à découvrir. Bienvenue donc dans l’ancien Hôtel Gaillard, érigé par le banquier Emile Gaillard dans les années 1880, par l’architecte Jules Février. Ses consignes ? Faire une sorte de réplique du château de Blois qui fascinait le banquier. L’hôtel est inauguré en grande pompe en 1885, mais à la mort de son propriétaire en 1902, les choses se compliquent un peu. Sa veuve ne peut entretenir pareil bâtiment d’exception, ni les collections d’art de feu son mari. L’hôtel est alors racheté par la Banque de France en 1919, qui le transforme en succursale. Il restera ainsi jusqu’en 2006. Le bâtiment va devenir un projet à la fois artistique et économique. En 2010, le gouverneur de la Banque de France décide d’y fonder la Citéco. Après sept années de travaux, la cité économique peut voir le jour et accueillir ses premiers visiteurs.

Salle de bal Cité de l’Economie © Charlotte Donker.

 

Dans le hall, une présentation toute en son et lumière, sorte de variation sur l’économie et la monnaie, expliquant comment le musée est conçu. En six blocs, plus exactement :  échanges, acteurs, marchés, instabilités, régulation et trésor. Pour les amateurs d’architecture, si toutes les pièces valent le coup d’œil (du carrelage aux cheminées, en passant par les boiseries et tapisseries), l’ancienne salle de bal reste impressionnante, elle qui a accueilli en 1885, plus de 2 000 invités, lorsque Gaillard a présenté sa fille Jeanne au monde, avec un bal sur le thème de Henri II et Louis XII.

Autre grand moment, le hall Defrasse, du nom de l’architecte de la Banque de France de 1920, qui a transformé l’hôtel Gaillard et rajouté celui de la rue Thann et de la rue Berger. Après les avoir fusionnés, il a permis à l’ensemble une certaine homogénéité à travers ce hall qui qui servit d’accueil du public, avec des comptoirs d’époque qui ont été ici préservés.

Hall Defrasse Marchés Cité de l’Economie © Charlotte Donker.

 

Au sous-sol, la salle du trésor, que l’on atteint par un ancien pont mobile (avec toujours en dessous, des douves profondes de 4,50 mètres de profondeur). Une porte de 80 cm d’épaisseur, utilisée jusqu’en 2006, qui mène à la dernière section, celle de l’utilisation de la monnaie, de sa création à nos jours. On y retrouve des presses monétaires anciennes souvent jamais montrées au public comme une presse à assignats datant de la Révolution française, ainsi que des machines à fabriquer de la monnaie. On peut aussi y découvrir des pièces exceptionnelles, comme l’écu d’or de Saint Louis prêté par la BNF, un denier de César venu d’Egypte, ou encore le premier franc créé…

Salle des coffres Cité de l’Economie © Charlotte Donker.

 

Un musée interactif. Pour celles et ceux qui viennent pour en savoir plus sur l’économie, chaque pièce est une invitation à l’approfondissement de ses connaissances. Ne serait-ce que dans le premier bloc, consacré aux échanges ou la pièce revenant sur le troc ou la monnaie. « On invite le visiteur à comprendre pourquoi et comment on est passé du troc à la monnaie », explique-t-on. Ici ou là, s’amalgamant parfaitement avec le mobilier, des tables de jeux numériques, des bornes interactives, qui invitent au partage, avec des jeux collectifs à faire entre visiteurs qui expliquent de manière ludique les arcanes de l’économie. « Des dispositifs en français, anglais, espagnol et langue des signes, qui donnent des clés de l’histoire de l’économie, comment a émergé l’idée de monnaie. La cible première du musée est les 15-35 ans, mais tout est mis en œuvre pour plaire au plus grand nombre », précise la direction. Dans la section sur les échanges, on retrouve le dispositif d’un scanner d’aéroport, avec des bacs contenant différents produits. En les passant dans le tapis roulant, on découvre d’où le produit provient et le nombre de kilomètres qu’il parcourt pour venir jusqu’à nous (par exemple, une paire de jeans qui fait 34 000 km, donnant à réfléchir sur l’impact carbone de nos objets de consommation).

Salle à manger – Cité de l’Economie © Charlotte Donker.

 

Dans la salle de bal, d’autres dispositifs interactifs sur la croissance économique cette fois, ou les salaires, où on peut se positionner soi-même par rapport aux autres. « On a envie que nos visiteurs discutent entre eux, d’où la création de différents rendez-vous de médiation, avec présence d’un médiateur qui expliquent les salles et orientent la visite selon ses besoins ». On peut ainsi visiter le musée en particulier ou en groupe. Parmi les autres grands moments du musée, une tour entreprises en trompe-l’œil, avec une pluralité de métiers et d’entreprises, représentés par des vidéos de salariés qui incarnent l’économie sous toutes ses formes.  « Il y a en tout 11h30 de parcours dans tout le musée si on souhaite faire tous les jeux. Il faut donc revenir plusieurs fois et nous avons des abonnements qui vont dans ce sens ». Clou du spectacle, un dispositif de jeu piloté par une intelligence artificielle pour 9 à 27 joueurs. « Un jeu complexe, à faible taux de réussite qui présente une vision nuancée de l’économie. Cela dure 20 minutes, c’est gratuit et sur inscription auprès de la billetterie. On incarne un pays (sans savoir lequel) et on doit agir à partir de données réelles concernant le mixte énergétique, le potentiel de développement des énergies renouvelables et les objectifs que l’on se donne en matière de politique environnementale. On part donc d’une problématique réelle et actuelle et on ne sait qu’à la fin pour quel pays on a joué ».

Tour des entreprises Cité de l’Economie © Charlotte Donker.

 

Une programmation culturelle variée. Mais la Citéco a aussi une vocation culturelle. Chaque année, une thématique différente qui sera exploitée. A la rentrée, ce sera celle des Ecosystèmes. Dans ce cadre, on retrouvera des expositions, dont Nés quelque part à partir du 26 septembre, avec la présence de comédiens qui feront des performances artistiques. Le premier jeudi de chaque mois, une nocturne jusqu’à 22h, avec des spectacles, des performances, des conférences. Sont programmés également des cycles de conférences de vulgarisation et d’approfondissement de certains thèmes liés à l’économie, ainsi que des masterclasses de l’innovation et des fabulas éphémères à chaque trimestre. Une autre raison pour venir dans ce musée pas comme les autres.

1 place du Général Catroux 75017 Paris

Du mardi au dimanche de 10h à 18h. Le samedi jusqu’à 19h.