Une plongée insolite au cœur des océans à la Grande Galerie de l’Evolution

Une plongée insolite au cœur des océans à la Grande Galerie de l’Evolution
À voir

Jusqu’au 5 janvier 2020, le Muséum d’Histoire Naturelle propose une exposition fascinante et didactique qui plaira à toute la famille, Océan, une plongée insolite. Des premières découvertes de l’homme à ses saccages en bonne et due forme de la faune et de la flore maritimes, un constat autant artistique que scientifique de l’influence réciproque entre l’océan et l’humanité.

 

Dans la Grande Galerie de l’Evolution, une exposition temporaire nous invite à pénétrer dans un nouveau monde. L’océan nous paraît à la fois familier et mystérieux. Il faut dire que nous n’en connaissons, finalement, qu’une infime partie. Nous en savons davantage sur le sol et l’atmosphère martiens que ce qui compose les profondeurs maritimes. Notre planète est recouverte à 71% par les océans, mais ces derniers restent méconnus. Plus de deux millions d’espèces sous-marines seraient encore à identifier et à observer. Difficile, en effet, d’explorer et de sonder parfaitement un élément où il fait sombre dès 200 mètres de profondeur et où l’on subit une pression 800 fois plus dense que l’air. Mais le Muséum d’Histoire Naturelle propose une immersion façon Jules Verne, 20 000 lieues sous les mers, voire bien davantage, de l’Antiquité à nos jours. Visite guidée d’une exposition pas comme les autres.

 

Une exposition interactive. La scénographie est à souligner. Dès les premiers pas que l’on fait dans l’exposition, c’est un tout autre monde qui nous attend. D’un côté, des pans de l’histoire de l’humanité et ses rapports ambigus avec les océans, tentant de dompter l’indomptable ou de découvrir l’impensable. De l’autre, des jeux ludiques et numériques pour comprendre les profondeurs maritimes. Car voyager au cœur des océans, cela se mérite. Le premier à avoir essayé l’expérience serait Alexandre le Grand, qui aurait, en 325 avant Jésus-Christ, plongé à dix mètres de profondeur à bord d’un simple tonneau en bois, recouvert de peaux d’ânes étanches et de panneaux de verre. Mais il faudra attendre le 16e siècle de notre ère pour voir apparaître les premiers outils véritablement efficaces pour découvrir les fonds marins, entre cloches de plongée et scaphandres, jusqu’au premier sous-marin et les robots téléguidés.

 

Et puisque nous sommes dans un monde où le virtuel tend à dominer le réel, puisque les océans demeurent des inconnus que l’on côtoie, l’exposition fait la part belle à l’interaction, proposant régulièrement des animations ludiques pour comprendre les enjeux actuels. A chaque salle, on s’émerveille de créatures aquatiques inattendues, on se réjouit de la mine d’informations qui nous environne et de la créativité qui est déployée pour créer une atmosphère à la fois onirique et scientifique. Mais on s’inquiète également. Car chaque salle nous martèle une réalité tangible : les océans vont finir par mourir à cause de l’influence néfaste de l’humanité (surpêche, surexploitation, pollution atmosphérique, microplastiques, exploitation minière des grands fonds, acidité des océans…). En cela, l’exposition est nécessaire, surtout qu’elle s’adresse autant aux adultes qu’aux jeunes générations, garants de notre survie.

Galathée yeti.

 

Des êtres plein de surprises. Heureusement, en dehors du constat pessimiste qu’elle délivre, l’exposition touche en plein cœur en montrant l’invisible. On part ainsi à la rencontre de micro-organismes, le plancton dont le rôle est essentiel dans la survie de notre planète, fournissant plus de la moitié de son oxygène.  On s’émerveille également des animaux et végétations des grandes profondeurs qui ressemblent parfois à des œuvres d’art surréalistes.

Foraminifère, par Christian Sardet.

 

Méduses immortelles ou phosphorescentes, cônes magiciens au venin puissant, vers marins qui peuvent vivre sans respirer pendant plusieurs heures, étoiles de mer glaciaires, organismes marins inspirants pour l’homme (comme le nautile qui donnera la forme des engins d’exploration du commandant Cousteau), les surprises sont souvent de taille. Jusqu’à la rencontre d’animaux que l’on pensait éteints ou relevant de la légende, mais qui existent (encore) bel et bien. Tel le calmar géant, observé pour la première fois en 1545, le coelacanthe, que l’on pensait avoir disparu il y a 70 millions d’années mais qui sillonne toujours les océans, incroyablement préservé de toute évolution. Ou le régalec qui a inspiré les mythes des serpents de mer.

Et l’art dans tout ça ? Evidemment, l’océan et ses abysses, les êtres vivants qui le composent, ont toujours fasciné les artistes. Iconographies médiévales sur les premières plongées sous-marines, affiches de films où les créatures maritimes n’hésitent pas à terroriser ou fasciner les hommes, illustrations de livres tel que 20 000 lieues sous les mers, estampes japonaises (Tamatori ayant repris la perle volée d’Utagowa Kuniyoshi), reproductions de chimères (les fameuses sirènes des cirques sensationnalistes), sculptures ou gravures (Histoire naturelle des mollusques de P. Dénys de Monfort), le monde marin est aussi un genre artistique en soi.

« Tamatori ayant repris la perle volée » d’Utagowa Kuniyoshi.

 

Mais le véritable art, c’est l’océan lui-même. Ses créatures, son mystère, la vie qui grouille et qui risque de s’éteindre si l’on ne fait rien. L’exposition s’achève sur des constats pessimistes nécessaires, sur ces êtres que l’on croyait issus de la mythologie et qui ont survécu pendant des millions d’années. Avant de disparaître pour de bon dans quelque temps ?

Sirène africaine.

 

Tous les jours de 10h à 18h.