Quand le Grand Palais décroche la Lune

Quand le Grand Palais décroche la Lune
Karl Friedrich Thiele - "Apparition de la Reine de la Nuit".
À voir

En 2019, nous célébrons le 50e anniversaire des premiers pas de l’homme posés sur la Lune. Ce qui apparaissait comme de la science-fiction est devenu réalité. Un événement de taille, tant la Lune fascine depuis toujours et notamment les artistes. L’exposition La Lune. Du voyage réel aux voyages imaginaires, actuellement au Grand Palais, remet la Lune au centre de l’art. Et donc de l’homme.

Vue de l’exposition.

 

En janvier dernier, le Centre Pompidou proposait une 14e édition de son festival Hors Pistes (consacré à l’image en mouvement) en mettant en avant les premiers pas de l’homme sur la Lune. Un événement qui avait été suivi en juillet 1969 par quelques 700 millions de spectateurs. Et qui mettait fin à des siècles de fantasmes sur cet astre. Car la Lune, encore mystérieuse, était source d’interrogations. Est-elle habitée ? D’où provient-elle ? Pourquoi n’en voit-on qu’une seule face ? Abrite-t-elle des créatures qui viendront nous rendre visite ? La Lune a échauffé bien des esprits, projeté bien des envies, au point de devenir une héroïne à part entière d’œuvres de fiction, mais aussi une muse pour de nombreux artistes. Et c’est cette muse que l’on retrouve au Grand Palais à travers cette immense exposition qui lui est consacrée, La Lune. Du voyage réel aux voyages imaginaires, à admirer jusqu’au 22 juillet (elle se clôture au lendemain de la date anniversaire des premiers pas de Neil Armstrong).

Leonid Tishkov – « Journey of the Private Moon »_2003_2016_Urals.

 

Des premiers pas qui changent tout. La première partie de l’exposition, dans une pénombre interstellaire, donne l’impression de retourner au festival Hors Pistes du Pompidou. La scénographie y est proche et on retrouve des œuvres d’artistes contemporains, montrant que la Lune, aux secrets désormais bien éventés, continue d’interpeller et de jouer son rôle de muse. Mais nous voici pourtant de retour en 1969, en direct de l’expédition d’Apollo 11, avec des photos issues de ce voyage qui marquera l’Histoire à tout jamais, dont des clichés pris par les trois astronautes eux-mêmes (Neil Armstrong, Buzz Aldrin et Michael Collins), témoignages en temps réel de ce qu’ils traversaient, ignorant encore la portée de leur épopée spatiale. En regard, des œuvres contemporaines qui imaginaient ces premiers pas, comme la projection du fameux Voyage dans la Lune de Méliès ou le film de Segundo de Chomon, La Excursion en la luna. Bien évidemment, Hergé n’est pas bien loin avec les bandes dessinées de Tintin et son propre voyage lunaire. La fusée emblématique du reporter à la houppette semble être recréée sous nos yeux à travers la sculpture en fibre de verre First Spaceship of Venus de Sylvie Fleury. Les yeux sont aussi rivés sur une recréation de ce premier pas sur la Lune, à travers l’œuvre The second step de Mircea Cantor, en béton, reproduisant non pas l’empreinte d’Armstrong, le premier homme à marcher sur la Lune, mais celui du second, Buzz Aldrin, une empreinte reproduite et qui invite les visiteurs à poser leur propre pied dessus.

Sylvie Fleury – « First Spaceship On Venus ».

 

Un astre source de questionnements. Dans la salle suivante, c’est l’image de la Lune d’un point de vue scientifique et historique qui est explorée, avec une reproduction de la lunette de Galilée, un dessin à la plume de Thomas Harriot (La Lune observée à la lunette, datant de 1606), des livres du 17e siècle, un télescope à réflexion de Claude Siméon Passemant, des photographies lunaires du début du 20e siècle, mais aussi des globes lumineux datant de 2019, signés Ange Leccia (Arrangements Lunes).

Vue de l’exposition.

 

Sans oublier des cartes détaillées de l’astre, vu par des scientifiques du 17e siècle, tel la Figura pro nomenclatura et libratione lunari de Giovanni Battista Riccioli, datant de 1651. Une salle qui montre à quel point la Lune n’a eu de cesse d’intriguer et intrigue encore. Et que cartes et objets qui appartiennent alors à la science, sont désormais des œuvres d’art en elles-mêmes, préparation de choix pour les salles qui vont suivre, où la Lune occupe les esprits des artistes.

Giovanni Battista Riccioli – carte BNF « Figura pro nomenclatura et libratione lunari ».

 

Une muse artistique. En effet, les salles suivantes, monumentales, riches, foisonnantes, resituent la Lune dans son apparat d’inspiration pour les artistes de tous horizons, peintres, photographes ou sculpteurs. De tous temps, la Lune est représentée et continue de l’être. Que ce soit de manière allégorique (le sarcophage Diane et Endymion, datant de 235 après Jésus-Christ et prêté par le Louvre), personnifiée (le bronze Luna de Johann Gregor van der Schardt), déifiée en devenant attribut de la déesse Diane (le bronze Diane de la Tour d’Augustus Saint-Gaudens ou Diane de Jean-Antoine Houdon), ou incarnant la Vierge Marie (L’Immaculée conception de Mattheus van Beveren). Toutes les époques se mélangent pour montrer l’intemporalité de la représentation de la Lune, toujours présente dans le cadre, éclairant un sujet, se faisant discrète, ou au contraire, occupant toute l’attention de l’œuvre.

Jean Antoine Houdon – « Diane ». Paris, musée du Louvre. CC204.

 

L’exposition présente des chefs d’œuvre éblouissants, agrémentés d’extraits de poèmes de Verlaine ou de Baudelaire : Le Paysage bleu de Marc Chagall, Endymion, Effet de Lune d’Anne-Louis Girodet, Big Bang de Kader Attia, le somptueux La Jeune martyre de Paul Delaroche, L’Apparition de la Reine de la Nuit de Karl Friedrich Thiele ou encore la série de photographies Private Moon de Leonid Tishkov. A chaque fois, l’évidence, saisissante : la Lune fait décidément un bien joli modèle…

Marc Chagall -« Blaue Landschaft ».

 

Du jeudi au lundi de 10h à 20h, le mercredi de 10h à 22h.