Ernest Pignon-Ernest laisse ses Empreintes au Botanique

Ernest Pignon-Ernest laisse ses Empreintes au Botanique
© Ernest Pignon-Ernest - Pasolini 2015 - 40 ans après sa mort
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Il est l’un des pères du Street Art, l’un des premiers, dans les années 1960, à avoir fait le mur de son atelier d’artiste peintre autodidacte pour investir celui du coin de la rue. Le Niçois Ernest Pignon-Ernest, 76 ans, s’affiche au Botanique, à Bruxelles, jusqu’au 10 février 2019 dans le cadre de l’exposition Empreintes.

On ne peint pas, on ne peint plus après le Guernica de Picasso. C’est en tout cas ce qui décide le jeune Ernest Pignon-Ernest à faire descendre son art dans la rue. Une décision qui, en réalité, s’impose à lui lorsqu’il apprend le projet de construction d’une centrale nucléaire sur le Plateau d’Albion, dans le Vaucluse. L’artiste réalise alors toute l’impuissance d’une toile, enfermée dans un atelier, face à la force et à la violence de ce qui se joue dehors. Pour lui « s’est imposée cette évidence que c’était les lieux eux-mêmes qui étaient dévoyés et devenaient porteurs de ces contradictions, de ces tensions, de ce potentiel dramatique. Que c’était les lieux mêmes qu’il fallait stigmatiser. » De cette prise de conscience sont nés les premiers pochoirs collés le long des routes du Plateau d’Albion, reproduisant la fameuse ombre d’un homme « saisi » par les radiations de l’explosion nucléaire de Nagasaki. Une œuvre mère de laquelle découlera toutes les autres…

Jusqu’au 10 février 2019, le Botanique de Bruxelles propose ainsi un résumé du parcours singulier de celui qui reste ce formidable (r)éveilleur de mémoires : depuis son intervention en 1971 sur les marches du Sacré-Cœur, à Paris, où, au moyen de grandes sérigraphies, il ressuscitait les Gisants de la Commune, jusqu’à son Pasolini en pieta portant son propre cadavre, affiché à Rome, Ostie et Naples en 2015, en passant par son Rimbaud placardé de Paris à Charleville-Mézières en 1978 ou encore sa dénonciation du jumelage Nice-Le Cap en 1974, en plein Apartheid… « Ce que je propose, c’est une intervention plastique dans le réel et les résonances symboliques, politiques, sacrées, mythologiques, événementielles, anthropologiques qu’elle suscite. » explique Pignon-Ernest.  Mais face à la nature éphémère de ses œuvres, l’exposition du Botanique prend ici le temps de décortiquer le processus créatif de l’artiste, entre recherche de documents historiques, études, esquisses, photos… jusqu’à la concrétisation in situ.

Pour en savoir plus : www.botanique.be/fr/