Willis Ronis, un classique au Pavillon Carré de Baudouin

Willis Ronis, un classique au Pavillon Carré de Baudouin
WILLY RONIS - "Rose Zehner, déléguée syndicale, pendant une grève chez Citroën-Javel", Paris, 1938 © Ministère de la Culture - Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, dist. RMN-GP, donation Willy Ronis.
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Devant l’afflux de visiteurs, plus de 28.000 en quatre mois, le Pavillon Carré de Baudouin a décidé de prolonger l’exposition Willy Ronis par Willy Ronis jusqu’au 2 janvier. Gratuite, cette exposition visible dans l’espace culturel de la mairie du XXème arrondissement, retrace le parcours de ce photographe en présentant quelques deux cents clichés issus du fond Willy Ronis.

Willy Ronis est une figure majeure de la photographie humaniste. Né en 1910 à et mort en 2009 à Paris, il s’est attaché à capter les hommes dans leurs vies quotidiennes et à couvrir les conflits sociaux de son temps. L’exposition se déploie de manière didactique en neuf chapitres qui permettent de saisir son rapport bienveillant à l’autre et son attention aux conditions de vie durant une période marquée par la guerre et les évolutions de la société française. Débutant avec les premières photographies de l’artiste prises dans le studio de son père qui était photographe, cette grande rétrospective couvre l’ensemble de la carrière de Willy Ronis et nous fait découvrir plusieurs facettes de ce grand artiste.

WILLY RONIS – « Le nu provençal », Gordes, 1949. © Ministère de la Culture – Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, dist. RMN-GP, donation Willy Ronis

 

L’exposition nous invite à rentrer dans l’intimité du photographe. Ses nombreux autoportraits nous permettent de suivre l’évolution d’un homme depuis le décès de son père en 1936 jusqu’à son entrée dans la vieillesse. Le style photographique évolue avec l’homme prenant de plus en plus en compte l’environnement dans lequel il s’inscrit. Les quelques nus photographiés par l’artiste, tout en délicatesse, rendent compte de sa pudeur et de son respect envers ses modèles. Est visible dans cette exposition son nu le plus connu, celui de sa femme Marie-Anne souvent nommé Le nu provençal. Enfin de nombreux clichés de sa femme, de son fils et de ses deux chats témoignent du quotidien de Willis Ronis.

Cette exposition rappelle aussi l’aventurier qu’était Willis Ronis. Il commence sa carrière en photographiant les quartiers Belleville et Ménilmontant, quartiers alors très populaires dans lesquels les habitants du centre ne s’aventuraient pas. À travers de simples scènes de vie Willis Ronis saisit la convivialité des rapports. Après la périphérie, l’exposition rend compte des visites du photographe en province : la Gironde, Marseille, le Vaucluse. Très belles, certaines de ces images sont reprises par les offices de tourisme et la SNCF. Le photographe a également voyagé hors de France, notamment à Alger en 1969 pour rendre compte du premier Festival panafricain ou à Moscou pour réaliser une série sur le quotidien des Soviétiques en 1986.

WILLY RONIS – « Un bal en plein air, chez Maxe », Joinville-le-Pont, 1947. © Ministère de la Culture – Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, dist. RMN-GP, donation Willy Ronis.

 

Enfin, l’exposition revient sur l’engagement politique de Willis Ronis qui abandonne le studio hérité de son père pour parcourir les rues et immortaliser les meetings et défilés contestataires. Nombres de ces photographies ont été publiées après la guerre dans le magazine Life. Après l’occupation, il réalise de nombreuses photos de Paris. L’objectif de Willis Ronis accompagne alors le retour des prisonniers et les fêtes organisées en l’honneur de la libération. De même, lorsqu’il se rend en province, l’artiste reste attentif aux conditions de vie de ses contemporains comme en témoigne sa série sur les mineurs de Saint Etienne et de Lens. Enfin, ces voyages à l’étranger sont souvent motivés par des raisons politiques comme lorsqu’il couvre le Congrès international de la paix à Varsovie en 1950.

Le Pavillon Carré de Baudouin fête ses dix ans d’existence : pouvait-on imaginer une plus belle manière de le faire qu’avec cette rétrospective Willis Ronis ?