À partir de demain L’Institut du monde arabe accueillera l’exposition « Le mystère Cléopâtre » retraçant le parcours exceptionnel de la dernière souveraine de l’Égypte antique. Personnage inscrit entre fiction et réalité, cette personnalité illustre a façonné de nombreuses légendes tout au long de l’histoire moderne.
Depuis son suicide il y a deux mille ans, nombre de légendes se sont transmises, constituant la notoriété que nous lui reconnaissons aujourd’hui. Mais sur quelles fondations reposent-elles ? Comment les artistes s’en sont-ils emparés à travers les siècles ? Pourquoi fascine-t-elle encore ? L’exposition débute par une immersion dans les découvertes archéologiques les plus récentes. Le visage de Cléopâtre VII Philopator est ainsi dessiné à partir des rares sources directes disponibles (papyrus signés de sa main, pièces de monnaie). Le contexte économique, politique et religieux de l’Égypte de son temps est rappelé aux visiteurs afin qu’ils puissent comprendre les réformes entreprises sous son règne.
L’exposition combine des œuvres de maîtres du XIXe siècle et d’artistes contemporains. On trouve ainsi, au côté du suicide de Cléopâtre représenté en peinture par Nazanin Pouyandeh (née en 1981) le travail d’Alexandre Cabanel, artiste historique connu pour son style de peinture idéalisé prisé de Napoléon III. Son œuvre « Cléopâtre essayant des poisons sur des condamnés à mort » est un symbole de la peinture académique classique du XIXe siècle. Ce tableau est considéré comme une œuvre canonique de l’orientalisme et a influencé diverses interprétations artistiques de la légende de Cléopâtre, car Cabanel a été le premier à la peindre non pas comme une femme soumise mais comme une calculatrice. Pour les artistes femmes ultérieures, cette représentation de Cléopâtre en figure de la puissance est devenue un point de réengagement. Des artistes contemporaines comme Esmeralda Kosmatopoulos (née en 1981) revisitent ces tropes en posant de nouvelles questions sur les femmes et la mythologie. Kosmatopoulos invite ainsi les spectateurs à considérer non seulement les événements historiques mais aussi les nuances de l’identité et les forces subtiles qui influencent notre compréhension de soi. « About 2 inches long (Environ 5 centimètres) » présente une nasothèque – une collection d’une centaine de nez sculptés de tailles et de formes différentes. Kosmatopoulos s’est inspirée de l’aphorisme de Blaise Pascal, « Le nez de Cléopâtre : s’il avait été plus court, la face du monde entier aurait été changée » (Pensées, 162) pour créer une œuvre qui explore la manière dont des différences physiques mineures peuvent influencer les récits historiques. En se concentrant sur le nez de Cléopâtre, la sculpture invite à réfléchir à la construction de l’identité et à l’impact d’attributs apparemment insignifiants sur le cours de l’histoire.
Découvrez le plus célèbre des souverains d’Égypte du 11 juin 2025 au 11 janvier 2026.