Portrait d’Edmond de Belamy, signé… une formule mathématique. Le 26 octobre 2018 a été vendu aux enchères un tableau entièrement réalisé par un logiciel d’intelligence artificielle (IA). Une première qui a trouvé preneur pour la bagatelle de 432 500 dollars. La maison Christie’s qui organisait la vente avait estimé l’œuvre entre 7 000 et 10 000 dollars. Sur la toile bordée d’un cadre doré, un homme flou, de trois-quarts, portant col blanc et veste noire. Mystérieux. Comme inachevé.
Derrière cette création se cache Obvious, collectif français d’amis, artistes et chercheurs sensibles aux interrogations suscitées par le développement de l’IA et autre Machine learning. Selon Pierre Fautrel, l’un des membres du collectif, « pour réaliser cette toile, il a fallu nourrir un logiciel de 15 000 portraits classiques, du XIVe au XXe siècle ». Logiciel qui, en s’appuyant ensuite sur un nouveau type d’algorithme développé par un chercheur de Google, Ian Goodfellow (d’où Belamy), a pu générer de lui-même une série de nouvelles images, dont ce portrait.
S’il peut laisser rêveur ou perplexe, le modus operandi a surtout le mérite de soulever toute une série de questions. Une toile née d’un algorithme est-elle une œuvre d’art ? Si oui, qui en est l’artiste : l’algorithme ou celles et ceux qui l’ont conçu ? Quid des droits d’auteur ? Quelles sont les implications pour le monde de l’art ?… Le débat, enfin ouvert et déjà très vif, ne fait que commencer et il s’annonce passionnant.
Pour en savoir plus : www.obvious-art.com